La préparation d'une figurine par Jean-Noël Courtois

Introduction

Cet article présente toutes les étapes de la réalisation d’une figurine de la sortie de son emballage au début de sa mise en peinture.

Si l’exemple s’appuie sur une figurine de type fantastique, toute la démarche est valable pour une figurine historique.

La taille de ce wolfen est d’environ 6 cm. Pour des tailles de figurine plus importantes, je pense que les techniques de peintures doivent être différentes.

Présentation de la figurine

Editeur : Rackham

Matériau : Métal blanc.
Référence : Saphyr.

Inclue dans la boite : la meute hurlante.
Prix indicatif environ 45 € pour 4 pièces.

 

Avant de commencer la mise en peinture, il est important de penser à tout ce qui fera la différence entre une pièce plus ou moins bien peinte et une figurine qui vous raconte une histoire.

Il s'agit de la mise en scène, le socle, le schéma de couleur, les textures, les salissures, le vieillissement ...

 

 

Pour  ce  Wolfen  je  me  propose  d’essayer  le  schéma  de couleur suivant :

 

 

• Couleur de peau gris-bleuté, griffes noir-brun.

• Tissus de couleur vert-gris-violacé pour la tunique.

• Cape verte-gris-bleutée.

• Gants ocre vert.

• Bouclier en bois (rondache).

Mon objectif est d’obtenir une harmonie autour du gris-bleu,
tout en offrant un contraste avec les couleurs chaudes utilisées
pour les détails comme le cuir des sangles et le bois de la
rondache.

 

Je serai plus original avec les métaux qui seront réalisés avec des couleurs métalliques Humbrol.

 

Le schéma de couleur Rackham est disponible sur la carte. Il
est également intéressant de récupérer l’image depuis le site :

 

 

http://www.rackham-store.com/

 

La mise en scène

 

Pour le socle cette pièce prendra place à coté d’une réalisation précédente. Il n’y a pas vraiment de
décor. Il s’agit d’un morceau de pied de vigne un peu calciné récupéré dans un champ. L’ambiance
recherchée doit évoquer une colline escarpée au sommet de laquelle nos protagonistes se tiennent serrés.
A terme j’envisage de réaliser un ensemble avec 5 ou 6 pièces. Je réaliserai alors le décor adéquat.

Organisation du travail

Les étapes de la réalisation de cette pièce vont suivre le plan de cet article. L’ordre de peinture est imposé par la difficulté d’atteindre les différentes parties de la pièce.

Quelques informations sur l’espace de travail.

 

J’ai la chance de disposer d’un espace dédié à la peinture. J’ai organisé cet environnement pour que tout soit facilement accessible, outillage, peinture, accessoire électrique affichage de document etc…

L’éclairage est un élément primordial. Je combine un néon avec 2 lampes d’architecte qui donnent un éclairage croisé. La lumière diffusée est du type lumière du jour. Les ampoules bleutées sont disponibles chez les spécialistes en électricité.

 

Je veille surtout à travailler avec le moins de poussière possible.

La préparation des pièces

 

L’ébarbage

 

 

Il est capital de supprimer toutes les lignes de joint du moule. Exemple du bras ci-contre.

Pour cela une grande rigueur s’impose. Partez d’un point et faites au fur et à mesure le tour de la pièce pour être sûr de ne rien oublier. Portez bien votre attention sous les bras et entre les jambes.

 

Liste des outils

 

1.  Bistouri sur manche.

2.  Lame de bistouri.

3.  Limes aiguilles (acier suisse) de différentes formes et de différents grains (fin et très fin). Pour les formes une ronde et une plate sont un minimum.

4.  Micro scie sur manche. Différentes lames sont disponibles.

5.  Papier à poncer grain moyen et grain n° 1000.

6.  Laine d’acier 0000.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La loupe

 

Je n’oublie pas, bien sur, la fameuse loupe binoculaire. Je ne peux rien faire sans…

 

Il est nécessaire de retravailler les griffes du Wolfen en les détourant. Un carnivore avec des doigts palmés de canard ce n’est pas vraiment crédible…

 

 

 

Une autre amélioration est à apporter sur la tête du familier. Il faut refaire la gueule en restaurant les crocs et la langue.

 

  Les crocs sont réalisés avec du mastique Prince Auguste (réf 400). Je dépose une pointe de mastique sur l’extrémité d’une aiguille. Il faut pour obtenir un résultat procéder en une fois, sous peine de voir comme moi des imperfections de surface. Heureusement à l’échelle cela ne se voit
pas.

 

  La langue est en milliput.

Le ponçage

 

 

Sur cette figurine, la tête pose un problème. La ligne de joint passe par le milieu de la pièce.

Effacer cette trace m'a demandé près de 30minutes. L e détail du front sera retravaillé à la peinture.

 

La préparation des armes a pour objectif  de  recréer  le  fil  de  la lame qui est à l’origine très épais. J’ai essayé de préserver l’angle entre les 2 pans de la lame.Pour cela, j’utilise le papier de verre plutôt  que  la  laine  d’acier  qui arrondi trop la surface. Il sera de toute  façon  retravaillé  avec  la peinture.

L’opération   est   également faite pour le bras gauche. Attention   cette   pièce   est fragile. La jonction entre le manche de l’épée et la main ne demande qu’à se briser…

 

Un vrai coupe papier !

 

 

L'assemblage

 

Je me pose toujours cette grande question : « dois-je assembler ou non les pièces avant peinture ? » Je pense que plus on assemble avant, mieux c’est. J’ai, pour apaiser mes craintes, le vieux dicton « Là où le regard va, le pinceau se pose »…(Tu parles Charles..). Je pense surtout que réaliser une belle jointure avec le mastique nécessaire ne peut pas se faire après peinture. Cette figurine offre suffisamment d’espace entre ces bras pour ne pas poser trop de problème. Je vais donc tout assembler en une fois.

Le tigeage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Liste des outils

1.  Pince coupante

2.  Pince à long bec

3.  Fil de fer

4.  Mandrin à Main

5.  Foret 1mm

Pourquoi prendre un mandrin à main de qualité. ? C’est à ce prix que vous obtiendrez un serrage de votre foret efficace.

Comment éviter de casser ses forets ? Ca c’est une vraie galère. D’abord  éviter  les  perceuses électriques. Trop fort, trop vite.. et crack !!! Ensuite n’essayez pas de forer plus de 3 ou 4 mm de profondeur.

 

Comment bien centrer ses pièces ? Je n’ai pas de réponse. Il faut cependant que le trou soit plus grand que la tige afin de permettre un degré d’ajustement suffisant. Le reste sera maintenu par la colle.

 

 

 

Exemple de la liaison tête-buste.

 

Le résultat doit être quasi parfait. Cependant je ne cherche pas l’absolu, il me reste le joker du masticage pour fignoler.

Les creux à boucher…

 

Le collage

Je vais pour cette étape rester très simple. Compte tenu du faible poids des pièces (oui, c’est relatif). J’opte pour l’utilisation simple de colle contact cyano (par exemple Loctite). Le mieux eût été l’araldite bi-composant, mais si le résultat est plus solide, la contrainte du temps de prise ne me convient pas.
Je cherche à apporter le plus grand soin à cette étape. La colle ne doit pas dépasser. Sa transparence initiale se transforme très vite en pâté infâme dont le ponçage est toujours difficile. Je réalise l’application de la goutte de colle à l’aide d’un cure dent en bois.

Résultat avant masticage

 

le masticage

Je réalise un fin boudin de milliput que j’applique dans le creux du joint à combler. Après avoir humidifié la zone, je bourre le « trou » à l’aide de la pointe de la lame de bistouri. A la fin, je lisse la surface avec un pinceau mouillé. J’assure la transition en débordant avec un jus de milliput (restant de mélange délayé).

A ce prix, il ne faut rien perdre… !

 

la sous-couche

La mise sur pied de travail

 

La mise en place des tiges au niveau des pieds permet la fixation de la figurine sur son socle. L’objectif d’un pied de travail est divers. Il permet de manipuler confortablement la figurine. Il ne doit jamais gêner l’accès à la pièce. Il doit permettre de poser facilement et en toute sécurité la pièce sur la table. Gare à la chute…. !


En temps normal, j’arase les pieds. Je perce ensuite sur plus de 5 mm le pied. J’insere alors une tige dépassant d’un centimètre environ. A cause de la forme des pieds qui n’ont pas l’épaisseur suffisante, j’ai tenté autre chose. J’ai découpé la bande originale des pieds pour ne laisser que 2 tétons d’un diamètre d’environ 2 mm. J’espère qu’une fois collé cela aura l’avantage d’être simple solide et pratique malgré la faiblesse de l’alliage. La découpe de cette pièce est facilement réalisable avec l’outil micro scie présenté plus haut.

Oh les jolis tétons !

 

Il existe différentes méthodes pour obtenir un pied de travail. A chacun de trouver celui qu’il convient. Avec ma méthode habituelle de tiges insérées dans les pieds, il me suffit de « planter » ma pièce dans un bout de bois (fétiche) de 3 cm de diamètre pour 12 ou 13 cm de long. Dans le cas présent, je me contenterai de l’outil « troisième main» et de ses pinces crocodiles.


Nous verrons bien à l’usage…

On ne bouge plus… !

Le brossage

 

Un ultime brossage est obtenu avec une brosse circulaire en nylon fixée sur une perceuse pour modélisme. Il faut faire attention de ne pas trop « user » les surfaces et risquer de perdre ainsi les détails. Certaines brosses TRES souples en laiton peuvent également convenir. Je crois savoir que des brosses pour les cuirs donnent également de bons résultats. Il existe enfin des produits d’avivage
comme le Dialux dont on « imprègne la brosse. Cette opération me permet d’accéder à certain repli que je n’avais pas pu atteindre avec le papier de verre ou la laine d’acier jusqu’à présent.

 

Attention à ne pas déraper, l’agressivité du mandrin peut être catastrophique. J’ai regretté de ne pas avoir réalisé cette étape avant l’assemblage.

Le nettoyage

 

Arrive enfin le nettoyage. Avant de parler des différentes possibilités, rappelons nous l’objectif : obtenir une surface propre c’est à dire sans poussière, totalement dégraissée et la plus lisse possible. A l’aide d’une brosse à dent (modèle enfant), je procède en deux étapes :


1. dentifrice avec ajout de bicarbonate de soude (ce
produit augmente le grain de la pâte améliorant
encore le polissage.


2. Pour finir, je brosse avec du savon de Marseille ou du
liquide vaisselle afin de tout dégraisser.

A partir de cet instant, mes doigts ne toucheront plus la figurine.

Application de la sous-couche :

 

Je réalise cette étape à l’aide d’un aérographe de la marque Aztek. Modèle A320. Il s’agit d’un produit simple (environ 70€ chez Rougier et Plé). Je dispose d’un très vieux compresseur avec réservoir. La
pression doit être autour de 2 bars mais je n’en suis pas du tout certain. Appliquer une sous-couche ne demande pas du matériel trop sophistiqué.

 

La peinture utilisée est la Prince August air blanche. L’avantage de l’aérographe est de permettre l’application de la couleur de votre
choix. Dans notre cas, j’ai hésité entre le blanc et le gris pour simplifier le travail de la peau. Ces surfaces n’étant pas assez
représentées par rapport à l’ensemble de la figurine, je suis resté sur le blanc. C’est lui qui offre la meilleure lisibilité de la pièce.

Je ne délaye pas la peinture Prince August air. L’application doit être très progressive en plusieurs couches. Entre chaque passage, j’attends le séchage complet de la précédente. J’utilise un sèche cheveux pour gagner du temps.

Le compresseur ... c’est quasi Hybrid !

Au terme de la sous-couche, il faut inspecter le mieux possible la pièce. L’objectif est de chasser toutes les imperfections résiduelles et ne pas hésiter à reprendre éventuellement le ponçage des défauts révélés.

Avant la mise en peinture

Pour se mettre dans l’ambiance , il est intéressant de réaliser quelques essais de mise en lumière zénithale. La figurine est placée sous un spot lumineux. au zénith. D’autres angles pouraient être testés. Cette image me permet de comprendre l’ombrage général qu’il faudra apporter et de localiser les zones les plus sombres. Bien sur, il s’agit d’une caricature dont l’objectif est d’éviter les erreurs les plus
grossière. La mise en peinture conduira à des dégradés progressifs.

Je l’imprime sur papier afin que cette vue m’accompagne pendant tout le temps de la réalisation de cette pièce.

L’ordre que je suis pour la peinture de chacune des parties est le suivant :


1. Couleur de base. Je finis l’application de la couleur de base avec l’ajout de médium mat pour assurer l’absence de toute brillance.


2. Application de l’éclairage zénithal


3. Application de l’éclairage du aux formes et plis divers.


4. Renforcement des ombres. Sans parler de soulignage, c’est à cette étape que j’essaye de « dessiner » ce que je peins.


5. Renforcement des lumières.


L’application des salissures ne se fera qu’à la fin de toutes les parties de la figurine.

 

Jean-Noël Courtois